Série photographique
formats variables
Judit Kurtág
Née à Budapest, 1975
Vit et travaille à Genève
Promenade
L'année 2020 a été l'année du confinement, des musées fermés, des lieux de rencontres empêchés. J'ai alors commencé à aller à la rencontre de la rue et de ce que l'on y trouve : les fissures des murs, les ombres, les jeux de formes, les scintillements de lumière, les lignes.
Pendant cette année, la rue est devenue mon atelier, et j'ai cherché à voyager dans une ville parallèle, celle de mon imagination, que j'ai superposée à celle que, supposément, je connaissais.
J'ai regardé à nouveau tout ce qui faisait mon quotidien, j'ai regardé de nouveau et encore, jusqu'à ce que le familier me devienne étrangement autre, étranger.
Regarder à nouveau, c'est aussi transformer nos promenades en rêveries, et rapporter de ses rêveries du matériau de construction pour le quotidien, artistique et au-delà.
La covid a aussi engendré une privation sensorielle. Il y a un besoin de retranscrire les embrassades, qui sont devenues timides et hésitantes. C'est le vent. Sentir toutes les nuances du vent, sa vitesse et ses variations de températures, si infinitésimales soient-elles.
La pandémie comme une urgence à jouer, une urgence de la joie, une urgence de faire du monde encore accessible une aire de jeux, une aire de poésie, de possibles consolations. Jouer à regarder, à regarder vraiment. Jouer avec le sérieux d'un enfant, qui joue pour apprendre, pour simuler, pour s'entraîner, pour donner corps à une idée.
Cette série de photographies fait partie d'un ensemble de promenades plus grand, série en cours, commencé pendant la covid. Judit KURTÀG
Parcours
Judit Kurtág a grandi en France avant de passer plusieurs années à Amsterdam puis à Berlin et de s'installer à Genève. Plasticienne, ses recherches se présentent sous forme de photographies, de vidéos et, plus récemment, de textes et de dessins. Sa démarche aborde les questions de la perception, de l’invisible, de l’indicible, du temps et de l’espace et, en particulier, de la désorientation et de la poly-iconie, concept forgé en référence à la musique. Entre le sensuel et la poésie, elle traite de la relation entre langage et image, entre mémoire et espace narratif.
Après avoir suivi une formation de photographie publicitaire à l’école des Gobelins de Paris, Judit Kurtág reçoit le diplôme DNSEP de l’École des Beaux-Arts de Bordeaux avec les félicitations du jury. À la fin de ses études, la résidence d’artistes internationale Rijksakademie van beeldende kunsten d’Amsterdam lui décerne une bourse de deux ans pour développer ses recherches. Elle a exposé à travers le monde, notamment au Musée Ludwig de Budapest et à l’Artists Space de New York, au Centre Georges Pompidou ou à la Tate Modern.