Collection - P

SÉRIE DE 10 DESSINS
 

GISÈLE BONIN
Née en 1975
Vit et travaille à Angers
 

©Linda Belliot (crédit photos)

Gisèle BONIN pratique le dessin et enseigne. Elle dessine au plus près de l’épiderme, d'une chevelure. Elle s'interresse aux plus infimes détails de corps, un orteil, un nombril. Et la lumière traverse la pilosité. Gisèle Bonin révèle la matérialité du corps comme s'il s'agissait d'un paysage.

"Mes dessins, peintures ou gravures, se sont toujours penchés sur le corps humain, soit directement, soit par le biais d'objets susceptibles de le suggérer, de faire supposer sa présence. Ou son absence. C'est dans cette double approche, cette paradoxale proximité du Présent (au sens chronologique et physique) et de l'Absent, autour d'elle, que se situe toute l'articulation de mes recherches, le nœud. Une attache qui se fait ou se défait au fil des ans, des outils choisis, mais qui toujours tente d'ancrer les chairs ou les squelettes, le fantôme de l'être ou sa réalité, dans l'épaisseur granuleuse du papier : par le décadrage, les ruptures d'échelles, le rapprochement ou l'éloignement, par une attention extrême aux choix de cadrages.
L'inconnu et le secret sous toutes leurs formes, les questions d'identité : le travail en cours, « Collection », se dirige au plus près de ces points de vie majeurs. L'identité : celle de l' « autre » et , en regard, juxtaposée ou arrachée, la mienne. S'agit-il de reconstituer pour se constituer ? 
Fragments de pieds. Nombrils...etc. Mine de plomb sur papier. Rarement plus. Même format, même disposition, même position pour chaque modèle (toujours un « proche ») dans chaque série. L'identité du sujet, choisie et significative, reste mon secret, et le sien. Un lien, forcément, est là, entre lui et moi. Sa nature, elles aussi, demeure confidentielle. 
Un autre lien se tisse dans le rapport au dessin fait et se faisant, aussi via la lenteur de l'élaboration. Désir de fouille, d'abolition d'une distance, besoin de s'absorber dans l'exécution et la contemplation du modèle et du morceau travaillé ? Nécessité de l'incarner pour l'absorber ? Une forme civilisée et acceptable d'hommage- anthropophage ? Indiscrétion visant à fabriquer une familiarité ? Prendre pour comprendre ? " Gisèle BONIN